JOUR 7

Nous partons accompagné de notre nouvelle recrue en direction de Pietra Piana. Nous n’avons qu’une seule étape en vue aujourd’hui. Nous commençons tous à ressentir les frais de nos précédents jours de marche. Vince souffre des genoux. Ludo a les pieds en feu. Il danse sur des braises. Il a des ampoules sous la voute plantaire. J’ai mal au tendon d’Achille… Chaque jour, il faut attendre une bonne heure avant que les muscles soient chauds et que les douleurs matinales s’atténuent.

L’étape débute par une marche dans un sous-bois. Nous descendons sur une ancienne piste forestière, non loin d’un cours d'eau. Nous traversons un pont qui surplombe le torrent. La tentation est grande. Nous craquons. Nous rejoignons la rive pour nous rafraîchir… Le bain de pieds est agréable… Il faudra attendre quelques minutes pour que ces derniers s’habituent à la température de l'eau. Cette pause est la bienvenue. Nous l’aurions prolongée avec plaisir. Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Virginie est seule devant. Elle avait déjà dépassé le pont lorsque nous avons décidé de nous arrêter… Elle aura loupé le bain de pieds.

Nous poursuivons notre route. Nous avons décollé depuis un moment désormais, mais nous n'avons toujours pas rattrapé Virginie. Où est-elle ? Souhaite-t-elle finalement terminer le GR en solo ? Je presse le pas. Toujours pas de Virginie en vue… Se serait-elle égarée ? Trompée d’itinéraire ? Nous continuons à marcher. Je pars devant, à la recherche de ma sœur. Je commence vraiment à m’inquiéter. Cela fait 1h30 que nous avons quitté le cours d'eau. Nous aurions dû la retrouver. Mais où est-elle ? J’aurai dû la prévenir que nous nous arrêtions à la rivière. Impossible de la joindre sur le GR. Je demande aux quelques randonneurs que je croise dans le sens inverse s’ils ont vu ma sœur. Ça ne leur dit rien. Je presse le pas. Ça tourne mal…

J’entends Vince et Ludo qui m’appellent. Ils ont retrouvé Virginie. Elle était derrière nous… Nous l’avions dépassé. Elle s’était arrêtée faire une pause, non loin d’une bergerie située en bordure du GR. Nous l'avons doublé sans même nous en apercevoir… Non, ma sœur n’a pas été prise en otage par la mafia corse. Elle n’est pas non plus tombée dans une crevasse. Elle n’a pas non plus été attaquée par les sangliers et les renards. Elle continuera à me casser les pieds pendant ce long trek : Bonne nouvelle !

À midi, nous rejoignons un torrent qui serpente le long de la vallée. De magnifiques vasques s’offrent à nous. Le soleil est au Zénith et réchauffe les dalles de pierre qui bordent le cours d’eau. Nous mangeons et allons-nous baigner. Cette pause est appréciable… Entre deux baignades, nous lézardons au soleil… Il faudra tout de même repartir...

Le reste de la journée, nous grimpons vers le refuge de Pietra Piana. Il est situé en altitude. C’est l’un des plus haut perchés du GR. 

Cette nuit, nous aurons encore beaucoup de vent. Je récupère des blocs de pierre que je pose sur les sardines, une fois enfoncées. Ce soir, ma tente restera ancrée au sol, c’est une certitude.