Au réveil, je décide de
prendre une agréable douche... Ça fait du bien de
renouer avec certains vieux réflexes. J'ai plutôt bien
dormi, mais je me sens fatigué... Le cocktail courtes nuits et
journée sportive a affaibli mon organisme. Durant mon sommeil,
j'ai été réveillé par Mac Tarp. Il a
déboulé dans notre dortoir vers 4h30 avec sa lampe
frontale pour rejoindre le séchoir... Pourquoi n'est-il pas
passé par l'extérieur ? Le mystère demeure
entier... Il s'agit certainement d'un truc d'agent secret...
Je réveille ensuite Nic
Zubrowka. Après avoir déjeuné, je me dirige vers
les toilettes. J'ouvre la porte et tombe nez à nez avec Mac
Midges. Ce dernier semble totalement absorbé par la lecture de
son livre, livre dont il est le héros matinal... Je quitte les
WC et laisse le soin au justicier des toilettes de fermer sa porte
derrière lui.
Nous sommes fin prêts... Prêts
à affronter cette dernière journée dans les
Highlands... Cette étape d'un peu plus de 16 kms à
pied s'annonce radieuse. Il est un peu plus de 8h, nous évoluons
sur une route goudronnée en direction du sentier que nous
devons rejoindre. Soudain, Nic Zubrowka se rend compte qu'elle a
oublié son téléphone. Nous marchons depuis un
petit quart d'heure... La flemme de retourner sur nos pas. J'envoie
un message à Mac Midges afin qu'il récupère le
portable avant de quitter l'hôtel... Cette scène a comme
un goût de réchauffé... À chaque trek,
elle nous ressort le coup du téléphone... Absorbés
par l'envoi du SMS, nous loupons le chemin. Au bout de quelques
minutes de marche, nous nous en rendons compte. Demi-tour toute...
Cette journée commence mal. Nous revenons sur nos pas et
essayons d'identifier l'amorce du sentier. À plusieurs
reprises, nous tentons des percées dans la jeune et dense
forêt... Chaque tentative nous renvoie à un cuisant
échec... Ça devient soulant. Mais où est-ce
foutu chemin ? Ça fait 45 minutes que nous sommes partis
et nous avons parcouru à peine 800 m. Nous piétinons
depuis une demi-heure. J'ai éteint mon téléphone.
Je n'ai pas eu de retour de Mac Midges, mais je n'ai presque plus de
batterie alors je préfère la conserver le plus
longtemps possible et prendre connaissance des messages par
intermittence. N'en pouvant plus, nous décidons de tracer à
travers la forêt. Nous finirons bien par le croiser ce foutu
chemin. Les branches et les ronces m'arrachent les mollets. La rosée
matinale s'imprègne dans mes vêtements. Mes appuis sont
mauvais et je manque de trébucher à plusieurs reprises.
L'ascension est lente et fastidieuse. Psychologiquement et
physiquement, c'est assez pénible. Mais toutes les bonnes
choses ont une fin... Nous finissons par tomber sur le chemin. Il
était temps. Nic Zubrowka me rattrape. Je rallume un court
instant mon téléphone. Mac Midges a récupéré
son portable. Excellente nouvelle !! Nous pouvons continuer le
cœur léger...
Un joli soleil illumine la vallée
que nous venons de quitter. Le panorama est magnifique, vraiment très
beau. Je suis finalement assez surpris par les paysages que nous
rencontrons. Je suis continuellement émerveillé, comme
un enfant devant une confiserie ou un magasin de jouets.
Au bout de quelques minutes, nous
regagnons une plus large piste qui rejoint un lac. Depuis quelques
minutes, je me sens un peu faible. Je suis fatigué, sans
énergie. C'est assez rare qu'une fatigue physique m'assaille
comme cela. Peut-être un manque d'eau, un manque de sommeil...
Je ne sais pas... Je baille aux corneilles. Je m'endors presque en
marchant. J'ai du mal à réfléchir et à
parler, à me concentrer. J'en fais part à ma sœur.
Nous poursuivons tout de même. Nous nous arrêterons au
lac. Il y a quelques heures, Mac Tourb et Mac Tarp ont dû
passer par ici... Peut-être ont-ils croisé quelques
animaux sauvages ? Un peu de gibier ? Ont-ils autant galéré
que nous pour trouver l'amorce de l'étape ? Ils auront
très certainement plein de choses à nous raconter ce
soir. Hier, j'ai demandé à Mac Tarp, s'il pouvait nous
attendre à Kinlochewe, pour nous tenir informés des
éventuels horaires de bus pour Inverness ou pour les villes
voisines. Théoriquement, nous devrions les retrouver dans
quelques heures... De leur côté, ils ont peut-être
déjà terminé le trek...
Nous nous octroyons une courte halte à
proximité du lac, en lisière de la forêt... Le
paysage est bluffant. C'est désormais notre quotidien :
évoluer dans de magnifiques vallées, de splendides
montagnes... Je n'ose imaginer mon retour à la civilisation...
Contempler la rocade de Rennes et ses bouchons chaque matin...
Bullshit. Je croque une barre de céréale et bois un peu
d'eau. Ça va un peu mieux, mais j'ai déjà été
plus en forme.
Nous remontons à travers la
forêt. Petite ascension sympathique sans grosse difficulté.
À un moment cependant, nous quittons la piste pour rejoindre
un charmant chemin boueux dans les sous-bois. Ce dernier s'efface par
intermittence et réapparaît timidement par endroits. Au
bout de quelques minutes, nous abandonnons la zone boisée pour
regagner un plateau herbeux et humide. Le sentier serpente entre de
petits reliefs. Dans un premier temps, nous peinons quelque peu à
le trouver. J'emprunte d'abord un mauvais itinéraire, puis
rejoins Nic Zubrowka qui a facilement flairé la bonne piste.
Cette courte étape me semble interminable. Ce plateau est
long. Le chemin n'est pas très agréable. Gorgé
d'eau, flanqué de flaques et de mares, pour changer...
Nous
finissons par quitter la lande pour redescendre vers la vallée.
Au loin, j'aperçois Kinlochewe. Nous ne sommes pas rendus,
mais l'image est positive. Nous empruntons un passage sélectif.
La zone que nous souhaitons rejoindre est ceinturée par un
haut grillage à larges mailles. Seules les portes disposées
çà et là en permettent la traversée.
Nous pénétrons dans un
cimetière d'arbres... Zone de désolation, portant les
stigmates de violents épisodes de déforestations
conjugués à l'impact de quelques intenses tempêtes.
Ce paysage souffre, sans nul doute. Le vallon est défiguré...
Nous évoluons sur une ancienne piste forestière
délabrée qui zigzague à flanc de colline. Nic
Zubrowka suppose que nous n'empruntons pas le bon chemin. Nous
échangeons nos points de vue durant quelques minutes, mais
poursuivons tout de même notre route. Nous tombons bientôt
sur une seconde porte. Cela me conforte dans mon idée : it's
the good way.
Nous quittons le cimetière sans
regret pour nous enfoncer vers un petit vallon verdoyant. La
végétation est dense. Les herbes sont hautes.
L'itinéraire est parfois difficile à appréhender.
Nous arrivons au bord d'un cours d'eau. Nous ne sommes pas seuls, nos
amis les midges sont dans la place. Ils nous attendaient bien
sagement. Nous restons en mouvement et poursuivons le long de la
rivière. Nous commençons à avoir faim, mais
nous n’envisageons pas un seul instant de nous arrêter ici.
Nous ne prendrons pas le risque de servir de déjeuner à
ces bestioles. Au bout de quelques minutes, nous arrivons dans un
cul-de-sac... Le sentier prend fin sous nos yeux... Rien... Pas
d'indices. Une haute clôture vient fermement nous contraindre à
faire demi tourb... Les petits moutons sont parqués dans leur
enclos. Le labyrinthe a fait deux nouveaux prisonniers... Nous
décidons de rebrousser chemin. Au bout de quelques minutes,
nous nous rendons à l'évidence... Il n'y pas d'autre
sentier... Que faire ? Rester ici, commencer à creuser
nos tombes respectives en se faisant dévorer par les midges!!
Mon plan sympathique ne convainc visiblement pas ma partenaire. Il
nous reste une alternative : traverser la rivière...
La traversée se fait sans
encombre. Sur la berge opposée, une végétation
dense nous accueille : de belles, grandes et luxuriantes
fougères colonisent la rive. Nous tombons sur une ancienne
ruine aux abords immédiats du cours d’eau. Elle est presque
dissimulée par les hautes plantes colonisatrices. Ces
dernières atteignent une hauteur d’homme par endroits.
Galvanisée par l’effort, l’expédition poursuit sa
route à travers la jungle hostile et impénétrable
d’Écosse. Livrés à nous même, sans
coupe-coupe et sans machette, nous restons sur nos gardes, demeurant
prêts à en découdre, à tout instant, avec
la faune endémique…
Notre vagabondage nous mène à
une troisième clôture… Nous identifions rapidement la
brèche. Derrière celle- ci, nous retrouvons une
végétation plus accueillante : une vaste pâture
à l’herbe riche et grasse nous tend les bras… Nous nous
sommes désormais suffisamment éloignés de la
rivière pour ne plus avoir à subir les attaques en
masse des midges. La prairie est ceinturée par un vieux mur en
pierres sèches. Nous le rejoignons et décidons d’en
faire notre spot déjeuner. Il est 13h30. Nous commençons
à manger. C’est notre dernier repas sur le trek. Une petite
pointe de nostalgie nous anime. Toutes les bonnes choses ont une fin…
Les attaques de midges appartiendront bientôt au passé.
En parlant de ces affreuses bestioles…
Mais que vois je au loin ? Un midges géant s‘approche
de nous… Il a l’air déterminé et coriace… Il
avance rapidement. Je dégaine ma bombe de répulsif prêt
à entamer une lutte sans merci. Il est désormais à
quelques mètres de nous. Non… Ce n’est pas un midges…
C’est Mac Midges !!! Il sort de nulle part… Gimli le robuste
a fait la route seul… Improbables retrouvailles… Que fait-il
ici ? Il nous fait le récit de sa folle matinée
d’aventurier solitaire…
Au matin, il est triste et dépité
de nous regarder partir et de ne pas terminer le trek. De plus, son
instinct de héros développé par sa lecture
matinale aux toilettes se voit contrarié par le choix qu’il
a effectué hier. Ni une, ni deux, son sang ne fait qu’un
tour. Il prend le temps de remettre son caleçon et sort des
WC. Cet instant de méditation intense lui permet d'opter pour
la bonne décision. Il en fait part à Mac Fire et
commence à se préparer. Il récupère le
portable de Nic Zubrowka et m’envoie un SMS : il nous rejoint…
L’ennui naquit un jour de l’oisiveté… Ce jour n’est
pas arrivé… Un aventurier croque la vie, il ne se contente
pas de l’effleurer… Mac Midges fonce à la vitesse de la
lumière vers Kinlochewe. Rien n’arrête un homme
déterminé…
Tel est son récit… Un peu
romancé, certes, je vous l’accorde. Mais les faits sont là…
N’ayant d’autres alternatives que de terminer le trek avec le
robuste Midges, nous l’invitons à déjeuner avec nous.
Ragaillardis par cette rencontre du 3e type, nous
poursuivons notre route dans la bonne humeur… Fort heureusement, il
nous en reste. Elle ne sera pas de trop.
Kinlochewe est proche désormais…
4 ou 5 kilomètres à tout casser. Ces dernières
minutes d’itinérances seront néanmoins des plus
difficiles… sentiers inexistants, végétation dense et
humide, terrain glissant, fougères immenses, sous bois
capricieux, rivière infranchissable, sol rocailleux et
instable, désopilantes clôtures, chemin étroit
pentu et dangereux… Une lutte sans merci vient de s’amorcer.
À
bout de force et de nerf, nous franchissons l'ultime enclos. Nous
sortons victorieux de notre périple. À vaincre sans
péril, on triomphe sans gloire. L’aventure fut périlleuse,
nous savourons ce moment de gloire…
Kinlochewe, petite bourgade du nord des
Highlands, nous accueille sobrement et en toute simplicité. En
gros, le bled semble plutôt mort. Il n’y a pas âme qui
vive. Il est 15h. Pas de Mac Tourb ou de Mac Tarp à l’horizon.
Je suppose qu’ils sont partis, lassés de nous attendre dans
ce triste village. Je rallume mon téléphone. Mac Midges
et Nic Zubrowka sont allés se renseigner au sujet des horaires
de bus au niveau de l’auberge située en face de l’arrêt.
J’envoie un message à Mac Tarp tout en m’essayant
parallèlement et sans conviction, au stop. Le pouce tendu
depuis à peine 30 secondes, une voiture s’arrête…
Olé !! J’appelle Mac Midges et Nic Zubrowka… Il ne
faut pas laisser filer cette aubaine. L’homme d’une cinquantaine
d’années nous fait un peu de place dans son véhicule
déjà archi-chargé et encombré de moult
équipements… Du siège auto, à la canne à
pêche en passant par les boîtes de conserve et les
fringues… Ça y est, on est calé !!! Il se dirige
vers Achnasheen à quelques kilomètres en direction
d’Inverness… Banco! Quelques secondes après que la voiture
ait démarré, je reçois un message de Mac Tarp.
Ils sont toujours à Kinlochewe. Ils nous attendent patiemment
depuis leur arrivée un peu avant midi… Bullshit! Je lui
indique que nous venons de quitter Kinlochewe en stop, pensant qu’ils
étaient d’ores et déjà partis. Il me répond.
Il semble furieux. Je le conçois tout à fait. Il y a
comme un loupé... Double Bullshit!! J’aurais dû m’y
prendre autrement. Nous sommes désormais dans la voiture. Nous
ne pouvions pas laisser filer cette opportunité. Mais en même
temps, j'ai pas géré. J’aurais dû appeler de
suite, en arrivant.
Notre chauffeur nous dépose à
Achnasheen au terme d’un trajet de quelques minutes. Il est 15h et
des brouettes lorsque nous atteignons la gare. Le train pour
Inverness vient de partir, il y a à peine 30 secondes…
Bullshit!!
Le stop demeure notre unique
solution de repli… Le prochain train prend son envol dans plus
de2h. Ce délai nous semble bien long. Nous remontons vers la
route principale. Le trafic est faible… Très faible. Une
voiture toutes les 5 minutes. Le désespoir et le découragement
commencent à nous envahir peu à peu. De leur côté,
Mac Tourb et Mac Tarp sont toujours bredouilles…
Soudain, un automobiliste s’arrête.
Il va à Inverness. Il ne peut prendre qu’une personne. Ce
sera mieux que rien… Après une rapide concertation,
l’heureux élu est désigné. Ce sera Mac Midges.
Nous le laissons filer un peu à contrecœur… Il retrouvera
Mac Fire à Inverness et pourra s’occuper des formalités
logistiques à l’auberge de jeunesse.
Accompagné de ma sœur, je
continue à tendre le pouce. C’est une partie de stop sans
conviction… Nous allons bientôt pouvoir ressortir la
pancarte : Yes, you can…
Après quelques interminables
minutes, un gros 4x4 arrive à notre portée… Que vois
je ? Mac Tarp conduit la bête. J’ai reconnu son T-shirt
orange et son singulier couvre-chef… Est-ce possible ? La
voiture s’arrête à notre niveau. Mais non, Mac Tarp ne
conduit pas… Il est juste passager. Je ne suis pas encore familier
des véhicules anglais où le conducteur siège à
droite. Un homme descend du 4x4… Nous faisons la connaissance de
John Loch (Lost). La ressemblance est frappante. Ni une, ni deux, il
nous propose de nous joindre à Mac Tarp et Mac Tourb pour
continuer le voyage jusqu’à Inverness… C’est top! On
empile les sacs dans sa remorque et venons rejoindre Mac Tourb à
l’arrière du véhicule. Nous rencontrons également
Tobby, tranquillement assis sur son postérieur dans le coffre.
Tobby est le compagnon de John, c’est un labrador. C’est
étrange,d’après mes souvenirs, il n’apparaissait
pas dans Lost… La bonne nouvelle, c’est que John a survécu.
J’en étais sûr… Il ne pouvait en être
autrement. Nous lui contons rapidement notre randonnée. Il
semble intéressé et nous félicite d’avoir
parcouru tout ce chemin… Dans mon for intérieur, je sais
bien que tout cela n’est que du pipi de chat vis-à-vis de
son expérience sur l’île. Cependant, il est resté
fidèle à lui-même. Il n’a pas pris la grosse
tête et ça fait plaisir… J’ai envie de lui mettre
une bonne tape dans le dos, en signe d’amitié… Mais c’est
un peu prématuré. Nous venons à peine de faire
connaissance…
Mac Tarp se lance avec John dans un
vaste débat, dans une longue discussion très technique
et très poussée. Ils parlent tissu : tissu
militaire. C’est énorme. Ce Mac Tarp m’épate chaque
jour un peu plus… Brillante recrue.
À l’arrière du convoi,
nous discutons de notre journée avec Mac Tourb. Le voyage est
plaisant, il se déroule rapidement.
Arrivé à quelques
kilomètres d’Inverness, le trafic routier devient plus
dense. Ça commence doucement à bouchonner. Au bout de
quelques minutes, le véhicule s’immobilise totalement. Les
voitures devant et derrière nous ne bougent plus d’un pouce…
Nous patientons… 5 minutes, 10, 15… Mais que se passe-t-il ?
Au bout d’un moment, nous quittons le 4x4… Il est 17h15. D’autres
voyageurs ont le même réflexe. Nous sommes bientôt
quelques-uns à sortir des véhicules et à nous
avancer vers l’origine du bouchon… Après Lost… The
Walking Dead… L’Écosse, c’est de la grosse production…
L'embouteillage est lié à
la formation d'un barrage de police à l’entrée du
pont… Les rôdeurs auraient-ils envahi Inverness ? Quoi
qu'il en soit, nous y survivrons. Ne l’oublions pas, nous sommes
accompagnés de John Loch et de Mac Tarp… Inverness, nous
venons à toi !! Tu seras bientôt libéré du
joug des zombis !! Nous t’en faisons le serment!!
Lassé de cette attente forcée,
je suggère à Nic Zubrowka de simuler la femme enceinte
sur le point d’accoucher. Un duvet planqué sous le Kway et
le tour est joué… Bon certes, les sacs de rando sont de
trop… Le coup de la future maman qui termine sa grossesse en
faisant de la randonnée pendant son congé mater sera
difficile à faire avaler, même auprès du plus
crédule des policiers… Mais qui ne tente rien n’a rien…
Le barrage se maintient durant encore
quelque temps. Nous aurons ainsi été immobilisés
pendant presque 45 minutes. John en profite pour piquer un roupillon.
Nous venons le réveiller. Acceptera-t-il de nous reprendre,
maintenant que nous avons quitté sa voiture ? On dirait
que oui… C’est à ce moment que la bonne tape amicale
devrait être administrée. Je fais mon timide. Et s’il
le prend mal ? S’il le prend pour une agression et qu’il
me détruit le bras succombant à un vieux réflexe
d’autodéfense ? Restons prudents…
Je me contente de le remercier en
sortant du véhicule. Inverness, nous voilà!! Après
quelques dizaines de minutes de marche, nous atteignons le
centre-ville de la capitale des Highlands. Il est sympathique et
semble plutôt animé. Nous rejoignons ensuite Mac Fire et
Mac Midges à l’auberge de jeunesse. Une bonne douche, le
choix d’une garde-robe de circonstance et nous serons prêts
pour une ébouriffante soirée au cœur de la
civilisation écossaise…
Nous partons d’abord à la
recherche d’un pub… Manger, telle est notre première
préoccupation… Se désaltérer, telle est notre
seconde préoccupation… Trouver une ambiance chaleureuse et
conviviale, telle est notre ultime préoccupation… Les portes
des pubs se referment devant nous et sous nos yeux, une à une,
les unes après les autres… Il est trop tard pour manger…
Tout est complet… Il est 19h, les pubs sont blindés. Ils
sont en plein pic d’activité… Les écossais ne
badinent pas avec le début de soirée… On rejoint un
club de professionnels, dirait-on ?
Après maints refus, nous
finissons par trouver l'établissement tant convoité. Ça
semble être un peu l’usine. Ce n’est certainement pas le
plus pittoresque et le plus traditionnel qui soit, mais ils peuvent
nous servir à manger sous 30 min. Imaginatifs et pleins
d'entrain, nous arrivons naturellement à nous occuper durant
ce délai d’attente.
La première tournée
tombe, suivie rapidement d’une seconde et d’une troisième.
Nous finissons par nous installer pour dîner. Les plats sont
chers… Mac Tarp, Mac Tourb et moi prenons des burgers. Ces derniers
sont constitués de 2 tranches de pain, d’un steak et d’une
sauce. C’est léger… Super léger… C’est du
foutage de gueule… Pour le bacon, il faut payer un supplément.
De même pour le fromage et les onions rings. Mac Tarp est sur
le point de commettre l’irréparable… Il attendait ce
burger depuis des jours. Il bout. Je le sens prêt à en
découdre avec tout le pub si nécessaire…
Nous finissons par les commander. Mac
Tarp et moi prenons bon nombre de suppléments. Au bout de
quelques instants, la serveuse revient avec notre commande. Il semble
qu’elle ait fait une erreur dans la composition du burger de Mac
Tarp. Ce dernier monte en pression. C’est la goutte d’eau qui
fait déborder le loch. Il est sur le point d’exploser. Pour
terminer, il s’arrange finalement avec la serveuse… C’était
moins une… On a frôlé l’incident diplomatique… Ne
jamais contrarier un Mac Tarp affamé… Tenez-vous-le pour
dit…
Nous mangeons. C’est frugal. Nous
sortons de table à peine rassasiés… Passons aux
choses sérieuses. Les tournées se succèdent les
unes après les autres. Progressivement, je me sens de plus en
plus fatigué. Le sommeil me guette. Mac Tourb est en proie aux
mêmes sensations. En même temps, il s’est levé à
4h ce matin. Rien de plus normal. Il part se coucher… Nous saluons
son départ distingué, en tong, et revenons à
notre activité de débauche nocturne…
Progressivement, l’ambiance prend
dans le pub. Les gens parlent fort, ça commence à
danser, à rire, à s’agiter dans tout les sens… Ça
monte crescendo… Nous commandons quelques Vodka Redbull… Je
décide alors de me séparer de mes lunettes. J’ai
l’impression que les clients me regardent bizarrement. À
leur place, j’aurais la même réaction. Le grossier
bout de scotch collé sur le verre attire les regards. Dehors
une fille vient me parler et me demande s’il s’agit d’une
discrète caméra embarquée. Je lui réponds
que je suis un cyborg. Je suis en planque. Je bosse pour le
gouvernement… Ces révélations doivent rester
secrètes…
Nic Zubrowka commence, elle aussi, à
succomber aux affres du sommeil. Je la raccompagne jusqu’à
l’auberge de jeunesse et reviens vers le pub. La rue est très
animée. Il y a de la viande saoule de partout. Les filles sont
grandes, habillées très court. Elles parlent et
rigolent bruyamment. La plupart sont bien alcoolisées. Elles
sont tactiles et aguicheuses. Les mœurs semblent un peu différentes
par ici…
Je rejoins le reste de l’équipe
au pub. La fête bat son plein. Quelques vodkas redbull plus
tard, nous commençons à danser… L’ambiance est
bonne.
Au bout d’un moment, je sors fumer
une clope. Mac Midges m’accompagne. Il est vêtu d’un
pantalon polaire. Il a décidé de jouer la carte de
l’inattendu. La carte de l’originalité. Il avait déjà
brillamment assumé ce rôle avec son jetable et son livre
dont il est le héros. Mais le videur n’apprécie pas.
Il nous a laissé rentrer il y a quelques heures. Désormais,
il s’oppose farouchement à ce que Mac Midges foule le sol de
l’établissement. Mac Midges est furieux. Il conteste. Il
s’insurge. Nous avons dépensé une fortune dans cette
taverne. Nous y avons mangé. Nous revenons d’une semaine de
rando dans les Highlands. Nous n’avons certes rien à nous
mettre, mais cela n’avait pas l’air de lui poser problème
lorsque nous sommes entrés dans le pub à 20h. Mac
Midges se débat. Il déploie un vaste argumentaire. Il
ne lâche rien. Le videur non plus.
Nous quittons finalement ce lieu de
débauche. C’est dommage, nous partons alors que l’ambiance
était à son comble. Nous errons ensuite dans la rue à
la recherche d’un établissement plus accueillant. Mais les
pubs ferment un à un. J’ai comme l’impression de revivre
une scène familière.
Nous finissons par trouver une
taverne bienveillante. La clôture est imminente, mais elle
semble accueillir sans sourciller les épaves échouées
d’Inverness. Un homme nous offre une pinte. C’est le chanteur qui
vient de terminer son concert. Nous la buvons de bon cœur. Au bar,
Mac Fire se fait sauvagement brancher. Deux groupies commencent à
lui toucher le torse. L’approche est franche et assez inhabituelle.
Le fusillé marin subit l’assaut sans broncher. Peut-être
est-ce coutumier pour lui ? Une simple formalité ?
La conséquence directe d’un sex appeal dont il serait
victime au quotidien ? Un héritage forcé, le genre
de boulet que l’on traîne avec soi et malgré soi tout
au long d’une vie… Cette attitude m’interpelle cependant… Ces
mêmes femmes auraient-elles apprécié que nous
adoptions un comportement identique à leur égard ?
Nous quittons le bar. Il ferme. Dans la
rue, c’est un véritable défilé de viande
saoule. Ça braille dans tous les sens. Mac Fire se fait à
nouveau brancher. Il faut l’avouer, il remporte un vif succès
auprès des écossaises. Rentrera-t-il en France avec
nous ou décidera-t-il de rester vivre ici pour contenter
durablement la gent féminine d’Inverness ? L’avenir
nous le dira… Après tout, son mojo est peut-être
international…
Fermement résolus à
prolonger ces bons moments, nous partons à la recherche d’un
autre lieu de débauche… Nous tombons sur une boîte de
nuit… Problèmes potentiels : le pantalon polaire de Mac
Midges et nos chaussures de rando… Ni une, ni deux… Ça
passe !!! Nous déboulons sur la piste de danse… La
musique est entêtante… Nous sommes déchaînés.
Mac Tarp m’épate. Il est levé depuis 4h du matin.
Dans quelques heures, il aura fait le tour de l’horloge et il
déborde toujours autant d’énergie. La vodka redbull
n’y est peut être pas totalement étrangère.
Nous enchaînons quelques tournées et repartons de plus
belle… La boîte est blindée. Tout le monde danse sur
les missiles qu’envoie le DJ! Il est presque 2h... Bullshit !! Le
carrosse va bientôt se transformer en citrouille!! L’auberge
de jeunesse nous accueille jusqu’à 2h. Passé ce
délai, il nous est impossible de rentrer. À moins que
l’on attende 8h demain matin… Le pari est risqué.
À contrecœur et décidé
à trouver un moyen de prolonger notre soirée, nous
quittons la boîte. De retour à l’auberge, nous
essayons de négocier, de repousser l’heure de fermeture. Le
patron nous propose de sortir avec eux. En revanche, nous serons
obligés de nous caler sur l’heure de leur retour. Ça
nous va… Après réflexion, il y a quand même un
problème… Nos chaussures de rando… Le pantalon polaire…
Ça ne passera pas… À coup sûr on se fera
refouler… Durant quelques instants, nous cherchons une solution.
Nos 4 cerveaux embrumés trouveront-ils une issue à
cette implacable situation ?
À 2h30, forcés et
contraints, nous allons nous coucher… La soirée fut
truculente et particulièrement ébouriffante… Une
belle réussite qui vient de clore à merveille ce trek
épique…
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