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JOUR 9 : Un dénouement Kusturicesque...

Au réveil, je décide de prendre une agréable douche... Ça fait du bien de renouer avec certains vieux réflexes. J'ai plutôt bien dormi, mais je me sens fatigué... Le cocktail courtes nuits et journée sportive a affaibli mon organisme. Durant mon sommeil, j'ai été réveillé par Mac Tarp. Il a déboulé dans notre dortoir vers 4h30 avec sa lampe frontale pour rejoindre le séchoir... Pourquoi n'est-il pas passé par l'extérieur ? Le mystère demeure entier... Il s'agit certainement d'un truc d'agent secret...

Je réveille ensuite Nic Zubrowka. Après avoir déjeuné, je me dirige vers les toilettes. J'ouvre la porte et tombe nez à nez avec Mac Midges. Ce dernier semble totalement absorbé par la lecture de son livre, livre dont il est le héros matinal... Je quitte les WC et laisse le soin au justicier des toilettes de fermer sa porte derrière lui.

Nous sommes fin prêts... Prêts à affronter cette dernière journée dans les Highlands... Cette étape d'un peu plus de 16 kms à pied s'annonce radieuse. Il est un peu plus de 8h, nous évoluons sur une route goudronnée en direction du sentier que nous devons rejoindre. Soudain, Nic Zubrowka se rend compte qu'elle a oublié son téléphone. Nous marchons depuis un petit quart d'heure... La flemme de retourner sur nos pas. J'envoie un message à Mac Midges afin qu'il récupère le portable avant de quitter l'hôtel... Cette scène a comme un goût de réchauffé... À chaque trek, elle nous ressort le coup du téléphone... Absorbés par l'envoi du SMS, nous loupons le chemin. Au bout de quelques minutes de marche, nous nous en rendons compte. Demi-tour toute... Cette journée commence mal. Nous revenons sur nos pas et essayons d'identifier l'amorce du sentier. À plusieurs reprises, nous tentons des percées dans la jeune et dense forêt... Chaque tentative nous renvoie à un cuisant échec... Ça devient soulant. Mais où est-ce foutu chemin ? Ça fait 45 minutes que nous sommes partis et nous avons parcouru à peine 800 m. Nous piétinons depuis une demi-heure. J'ai éteint mon téléphone. Je n'ai pas eu de retour de Mac Midges, mais je n'ai presque plus de batterie alors je préfère la conserver le plus longtemps possible et prendre connaissance des messages par intermittence. N'en pouvant plus, nous décidons de tracer à travers la forêt. Nous finirons bien par le croiser ce foutu chemin. Les branches et les ronces m'arrachent les mollets. La rosée matinale s'imprègne dans mes vêtements. Mes appuis sont mauvais et je manque de trébucher à plusieurs reprises. L'ascension est lente et fastidieuse. Psychologiquement et physiquement, c'est assez pénible. Mais toutes les bonnes choses ont une fin... Nous finissons par tomber sur le chemin. Il était temps. Nic Zubrowka me rattrape. Je rallume un court instant mon téléphone. Mac Midges a récupéré son portable. Excellente nouvelle !! Nous pouvons continuer le cœur léger...



Un joli soleil illumine la vallée que nous venons de quitter. Le panorama est magnifique, vraiment très beau. Je suis finalement assez surpris par les paysages que nous rencontrons. Je suis continuellement émerveillé, comme un enfant devant une confiserie ou un magasin de jouets.



Au bout de quelques minutes, nous regagnons une plus large piste qui rejoint un lac. Depuis quelques minutes, je me sens un peu faible. Je suis fatigué, sans énergie. C'est assez rare qu'une fatigue physique m'assaille comme cela. Peut-être un manque d'eau, un manque de sommeil... Je ne sais pas... Je baille aux corneilles. Je m'endors presque en marchant. J'ai du mal à réfléchir et à parler, à me concentrer. J'en fais part à ma sœur. Nous poursuivons tout de même. Nous nous arrêterons au lac. Il y a quelques heures, Mac Tourb et Mac Tarp ont dû passer par ici... Peut-être ont-ils croisé quelques animaux sauvages ? Un peu de gibier ? Ont-ils autant galéré que nous pour trouver l'amorce de l'étape ? Ils auront très certainement plein de choses à nous raconter ce soir. Hier, j'ai demandé à Mac Tarp, s'il pouvait nous attendre à Kinlochewe, pour nous tenir informés des éventuels horaires de bus pour Inverness ou pour les villes voisines. Théoriquement, nous devrions les retrouver dans quelques heures... De leur côté, ils ont peut-être déjà terminé le trek...

Nous nous octroyons une courte halte à proximité du lac, en lisière de la forêt... Le paysage est bluffant. C'est désormais notre quotidien : évoluer dans de magnifiques vallées, de splendides montagnes... Je n'ose imaginer mon retour à la civilisation... Contempler la rocade de Rennes et ses bouchons chaque matin... Bullshit. Je croque une barre de céréale et bois un peu d'eau. Ça va un peu mieux, mais j'ai déjà été plus en forme.



Nous remontons à travers la forêt. Petite ascension sympathique sans grosse difficulté. À un moment cependant, nous quittons la piste pour rejoindre un charmant chemin boueux dans les sous-bois. Ce dernier s'efface par intermittence et réapparaît timidement par endroits. Au bout de quelques minutes, nous abandonnons la zone boisée pour regagner un plateau herbeux et humide. Le sentier serpente entre de petits reliefs. Dans un premier temps, nous peinons quelque peu à le trouver. J'emprunte d'abord un mauvais itinéraire, puis rejoins Nic Zubrowka qui a facilement flairé la bonne piste. Cette courte étape me semble interminable. Ce plateau est long. Le chemin n'est pas très agréable. Gorgé d'eau, flanqué de flaques et de mares, pour changer...


Nous finissons par quitter la lande pour redescendre vers la vallée. Au loin, j'aperçois Kinlochewe. Nous ne sommes pas rendus, mais l'image est positive. Nous empruntons un passage sélectif. La zone que nous souhaitons rejoindre est ceinturée par un haut grillage à larges mailles. Seules les portes disposées çà et là en permettent la traversée.

Nous pénétrons dans un cimetière d'arbres... Zone de désolation, portant les stigmates de violents épisodes de déforestations conjugués à l'impact de quelques intenses tempêtes. Ce paysage souffre, sans nul doute. Le vallon est défiguré... Nous évoluons sur une ancienne piste forestière délabrée qui zigzague à flanc de colline. Nic Zubrowka suppose que nous n'empruntons pas le bon chemin. Nous échangeons nos points de vue durant quelques minutes, mais poursuivons tout de même notre route. Nous tombons bientôt sur une seconde porte. Cela me conforte dans mon idée : it's the good way.



Nous quittons le cimetière sans regret pour nous enfoncer vers un petit vallon verdoyant. La végétation est dense. Les herbes sont hautes. L'itinéraire est parfois difficile à appréhender. Nous arrivons au bord d'un cours d'eau. Nous ne sommes pas seuls, nos amis les midges sont dans la place. Ils nous attendaient bien sagement. Nous restons en mouvement et poursuivons le long de la rivière. Nous commençons à avoir faim, mais nous n’envisageons pas un seul instant de nous arrêter ici. Nous ne prendrons pas le risque de servir de déjeuner à ces bestioles. Au bout de quelques minutes, nous arrivons dans un cul-de-sac... Le sentier prend fin sous nos yeux... Rien... Pas d'indices. Une haute clôture vient fermement nous contraindre à faire demi tourb... Les petits moutons sont parqués dans leur enclos. Le labyrinthe a fait deux nouveaux prisonniers... Nous décidons de rebrousser chemin. Au bout de quelques minutes, nous nous rendons à l'évidence... Il n'y pas d'autre sentier... Que faire ? Rester ici, commencer à creuser nos tombes respectives en se faisant dévorer par les midges!! Mon plan sympathique ne convainc visiblement pas ma partenaire. Il nous reste une alternative : traverser la rivière...

La traversée se fait sans encombre. Sur la berge opposée, une végétation dense nous accueille : de belles, grandes et luxuriantes fougères colonisent la rive. Nous tombons sur une ancienne ruine aux abords immédiats du cours d’eau. Elle est presque dissimulée par les hautes plantes colonisatrices. Ces dernières atteignent une hauteur d’homme par endroits. Galvanisée par l’effort, l’expédition poursuit sa route à travers la jungle hostile et impénétrable d’Écosse. Livrés à nous même, sans coupe-coupe et sans machette, nous restons sur nos gardes, demeurant prêts à en découdre, à tout instant, avec la faune endémique…



Notre vagabondage nous mène à une troisième clôture… Nous identifions rapidement la brèche. Derrière celle- ci, nous retrouvons une végétation plus accueillante : une vaste pâture à l’herbe riche et grasse nous tend les bras… Nous nous sommes désormais suffisamment éloignés de la rivière pour ne plus avoir à subir les attaques en masse des midges. La prairie est ceinturée par un vieux mur en pierres sèches. Nous le rejoignons et décidons d’en faire notre spot déjeuner. Il est 13h30. Nous commençons à manger. C’est notre dernier repas sur le trek. Une petite pointe de nostalgie nous anime. Toutes les bonnes choses ont une fin… Les attaques de midges appartiendront bientôt au passé.



En parlant de ces affreuses bestioles… Mais que vois je au loin ? Un midges géant s‘approche de nous… Il a l’air déterminé et coriace… Il avance rapidement. Je dégaine ma bombe de répulsif prêt à entamer une lutte sans merci. Il est désormais à quelques mètres de nous. Non… Ce n’est pas un midges… C’est Mac Midges !!! Il sort de nulle part… Gimli le robuste a fait la route seul… Improbables retrouvailles… Que fait-il ici ? Il nous fait le récit de sa folle matinée d’aventurier solitaire…

Au matin, il est triste et dépité de nous regarder partir et de ne pas terminer le trek. De plus, son instinct de héros développé par sa lecture matinale aux toilettes se voit contrarié par le choix qu’il a effectué hier. Ni une, ni deux, son sang ne fait qu’un tour. Il prend le temps de remettre son caleçon et sort des WC. Cet instant de méditation intense lui permet d'opter pour la bonne décision. Il en fait part à Mac Fire et commence à se préparer. Il récupère le portable de Nic Zubrowka et m’envoie un SMS : il nous rejoint… L’ennui naquit un jour de l’oisiveté… Ce jour n’est pas arrivé… Un aventurier croque la vie, il ne se contente pas de l’effleurer… Mac Midges fonce à la vitesse de la lumière vers Kinlochewe. Rien n’arrête un homme déterminé…



Tel est son récit… Un peu romancé, certes, je vous l’accorde. Mais les faits sont là… N’ayant d’autres alternatives que de terminer le trek avec le robuste Midges, nous l’invitons à déjeuner avec nous. Ragaillardis par cette rencontre du 3e type, nous poursuivons notre route dans la bonne humeur… Fort heureusement, il nous en reste. Elle ne sera pas de trop.

Kinlochewe est proche désormais… 4 ou 5 kilomètres à tout casser. Ces dernières minutes d’itinérances seront néanmoins des plus difficiles… sentiers inexistants, végétation dense et humide, terrain glissant, fougères immenses, sous bois capricieux, rivière infranchissable, sol rocailleux et instable, désopilantes clôtures, chemin étroit pentu et dangereux… Une lutte sans merci vient de s’amorcer. 


À bout de force et de nerf, nous franchissons l'ultime enclos. Nous sortons victorieux de notre périple. À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. L’aventure fut périlleuse, nous savourons ce moment de gloire…



Kinlochewe, petite bourgade du nord des Highlands, nous accueille sobrement et en toute simplicité. En gros, le bled semble plutôt mort. Il n’y a pas âme qui vive. Il est 15h. Pas de Mac Tourb ou de Mac Tarp à l’horizon. Je suppose qu’ils sont partis, lassés de nous attendre dans ce triste village. Je rallume mon téléphone. Mac Midges et Nic Zubrowka sont allés se renseigner au sujet des horaires de bus au niveau de l’auberge située en face de l’arrêt. 



J’envoie un message à Mac Tarp tout en m’essayant parallèlement et sans conviction, au stop. Le pouce tendu depuis à peine 30 secondes, une voiture s’arrête… Olé !! J’appelle Mac Midges et Nic Zubrowka… Il ne faut pas laisser filer cette aubaine. L’homme d’une cinquantaine d’années nous fait un peu de place dans son véhicule déjà archi-chargé et encombré de moult équipements… Du siège auto, à la canne à pêche en passant par les boîtes de conserve et les fringues… Ça y est, on est calé !!! Il se dirige vers Achnasheen à quelques kilomètres en direction d’Inverness… Banco! Quelques secondes après que la voiture ait démarré, je reçois un message de Mac Tarp. Ils sont toujours à Kinlochewe. Ils nous attendent patiemment depuis leur arrivée un peu avant midi… Bullshit! Je lui indique que nous venons de quitter Kinlochewe en stop, pensant qu’ils étaient d’ores et déjà partis. Il me répond. Il semble furieux. Je le conçois tout à fait. Il y a comme un loupé... Double Bullshit!! J’aurais dû m’y prendre autrement. Nous sommes désormais dans la voiture. Nous ne pouvions pas laisser filer cette opportunité. Mais en même temps, j'ai pas géré. J’aurais dû appeler de suite, en arrivant.

Notre chauffeur nous dépose à Achnasheen au terme d’un trajet de quelques minutes. Il est 15h et des brouettes lorsque nous atteignons la gare. Le train pour Inverness vient de partir, il y a à peine 30 secondes… Bullshit!!

Le stop demeure notre unique solution de repli… Le prochain train prend son envol dans plus de2h. Ce délai nous semble bien long. Nous remontons vers la route principale. Le trafic est faible… Très faible. Une voiture toutes les 5 minutes. Le désespoir et le découragement commencent à nous envahir peu à peu. De leur côté, Mac Tourb et Mac Tarp sont toujours bredouilles…



Soudain, un automobiliste s’arrête. Il va à Inverness. Il ne peut prendre qu’une personne. Ce sera mieux que rien… Après une rapide concertation, l’heureux élu est désigné. Ce sera Mac Midges. Nous le laissons filer un peu à contrecœur… Il retrouvera Mac Fire à Inverness et pourra s’occuper des formalités logistiques à l’auberge de jeunesse.

Accompagné de ma sœur, je continue à tendre le pouce. C’est une partie de stop sans conviction… Nous allons bientôt pouvoir ressortir la pancarte : Yes, you can…

Après quelques interminables minutes, un gros 4x4 arrive à notre portée… Que vois je ? Mac Tarp conduit la bête. J’ai reconnu son T-shirt orange et son singulier couvre-chef… Est-ce possible ? La voiture s’arrête à notre niveau. Mais non, Mac Tarp ne conduit pas… Il est juste passager. Je ne suis pas encore familier des véhicules anglais où le conducteur siège à droite. Un homme descend du 4x4… Nous faisons la connaissance de John Loch (Lost). La ressemblance est frappante. Ni une, ni deux, il nous propose de nous joindre à Mac Tarp et Mac Tourb pour continuer le voyage jusqu’à Inverness… C’est top! On empile les sacs dans sa remorque et venons rejoindre Mac Tourb à l’arrière du véhicule. Nous rencontrons également Tobby, tranquillement assis sur son postérieur dans le coffre. Tobby est le compagnon de John, c’est un labrador. C’est étrange,d’après mes souvenirs, il n’apparaissait pas dans Lost… La bonne nouvelle, c’est que John a survécu. J’en étais sûr… Il ne pouvait en être autrement. Nous lui contons rapidement notre randonnée. Il semble intéressé et nous félicite d’avoir parcouru tout ce chemin… Dans mon for intérieur, je sais bien que tout cela n’est que du pipi de chat vis-à-vis de son expérience sur l’île. Cependant, il est resté fidèle à lui-même. Il n’a pas pris la grosse tête et ça fait plaisir… J’ai envie de lui mettre une bonne tape dans le dos, en signe d’amitié… Mais c’est un peu prématuré. Nous venons à peine de faire connaissance…



Mac Tarp se lance avec John dans un vaste débat, dans une longue discussion très technique et très poussée. Ils parlent tissu : tissu militaire. C’est énorme. Ce Mac Tarp m’épate chaque jour un peu plus… Brillante recrue.

À l’arrière du convoi, nous discutons de notre journée avec Mac Tourb. Le voyage est plaisant, il se déroule rapidement.

Arrivé à quelques kilomètres d’Inverness, le trafic routier devient plus dense. Ça commence doucement à bouchonner. Au bout de quelques minutes, le véhicule s’immobilise totalement. Les voitures devant et derrière nous ne bougent plus d’un pouce… Nous patientons… 5 minutes, 10, 15… Mais que se passe-t-il ? Au bout d’un moment, nous quittons le 4x4… Il est 17h15. D’autres voyageurs ont le même réflexe. Nous sommes bientôt quelques-uns à sortir des véhicules et à nous avancer vers l’origine du bouchon… Après Lost… The Walking Dead… L’Écosse, c’est de la grosse production…



L'embouteillage est lié à la formation d'un barrage de police à l’entrée du pont… Les rôdeurs auraient-ils envahi Inverness ? Quoi qu'il en soit, nous y survivrons. Ne l’oublions pas, nous sommes accompagnés de John Loch et de Mac Tarp… Inverness, nous venons à toi !! Tu seras bientôt libéré du joug des zombis !! Nous t’en faisons le serment!!

Lassé de cette attente forcée, je suggère à Nic Zubrowka de simuler la femme enceinte sur le point d’accoucher. Un duvet planqué sous le Kway et le tour est joué… Bon certes, les sacs de rando sont de trop… Le coup de la future maman qui termine sa grossesse en faisant de la randonnée pendant son congé mater sera difficile à faire avaler, même auprès du plus crédule des policiers… Mais qui ne tente rien n’a rien…

Le barrage se maintient durant encore quelque temps. Nous aurons ainsi été immobilisés pendant presque 45 minutes. John en profite pour piquer un roupillon. Nous venons le réveiller. Acceptera-t-il de nous reprendre, maintenant que nous avons quitté sa voiture ? On dirait que oui… C’est à ce moment que la bonne tape amicale devrait être administrée. Je fais mon timide. Et s’il le prend mal ? S’il le prend pour une agression et qu’il me détruit le bras succombant à un vieux réflexe d’autodéfense ? Restons prudents…

Je me contente de le remercier en sortant du véhicule. Inverness, nous voilà!! Après quelques dizaines de minutes de marche, nous atteignons le centre-ville de la capitale des Highlands. Il est sympathique et semble plutôt animé. Nous rejoignons ensuite Mac Fire et Mac Midges à l’auberge de jeunesse. Une bonne douche, le choix d’une garde-robe de circonstance et nous serons prêts pour une ébouriffante soirée au cœur de la civilisation écossaise…



Nous partons d’abord à la recherche d’un pub… Manger, telle est notre première préoccupation… Se désaltérer, telle est notre seconde préoccupation… Trouver une ambiance chaleureuse et conviviale, telle est notre ultime préoccupation… Les portes des pubs se referment devant nous et sous nos yeux, une à une, les unes après les autres… Il est trop tard pour manger… Tout est complet… Il est 19h, les pubs sont blindés. Ils sont en plein pic d’activité… Les écossais ne badinent pas avec le début de soirée… On rejoint un club de professionnels, dirait-on ?

Après maints refus, nous finissons par trouver l'établissement tant convoité. Ça semble être un peu l’usine. Ce n’est certainement pas le plus pittoresque et le plus traditionnel qui soit, mais ils peuvent nous servir à manger sous 30 min. Imaginatifs et pleins d'entrain, nous arrivons naturellement à nous occuper durant ce délai d’attente.



La première tournée tombe, suivie rapidement d’une seconde et d’une troisième. Nous finissons par nous installer pour dîner. Les plats sont chers… Mac Tarp, Mac Tourb et moi prenons des burgers. Ces derniers sont constitués de 2 tranches de pain, d’un steak et d’une sauce. C’est léger… Super léger… C’est du foutage de gueule… Pour le bacon, il faut payer un supplément. De même pour le fromage et les onions rings. Mac Tarp est sur le point de commettre l’irréparable… Il attendait ce burger depuis des jours. Il bout. Je le sens prêt à en découdre avec tout le pub si nécessaire…

Nous finissons par les commander. Mac Tarp et moi prenons bon nombre de suppléments. Au bout de quelques instants, la serveuse revient avec notre commande. Il semble qu’elle ait fait une erreur dans la composition du burger de Mac Tarp. Ce dernier monte en pression. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le loch. Il est sur le point d’exploser. Pour terminer, il s’arrange finalement avec la serveuse… C’était moins une… On a frôlé l’incident diplomatique… Ne jamais contrarier un Mac Tarp affamé… Tenez-vous-le pour dit…

Nous mangeons. C’est frugal. Nous sortons de table à peine rassasiés… Passons aux choses sérieuses. Les tournées se succèdent les unes après les autres. Progressivement, je me sens de plus en plus fatigué. Le sommeil me guette. Mac Tourb est en proie aux mêmes sensations. En même temps, il s’est levé à 4h ce matin. Rien de plus normal. Il part se coucher… Nous saluons son départ distingué, en tong, et revenons à notre activité de débauche nocturne…


Progressivement, l’ambiance prend dans le pub. Les gens parlent fort, ça commence à danser, à rire, à s’agiter dans tout les sens… Ça monte crescendo… Nous commandons quelques Vodka Redbull… Je décide alors de me séparer de mes lunettes. J’ai l’impression que les clients me regardent bizarrement. À leur place, j’aurais la même réaction. Le grossier bout de scotch collé sur le verre attire les regards. Dehors une fille vient me parler et me demande s’il s’agit d’une discrète caméra embarquée. Je lui réponds que je suis un cyborg. Je suis en planque. Je bosse pour le gouvernement… Ces révélations doivent rester secrètes…

Nic Zubrowka commence, elle aussi, à succomber aux affres du sommeil. Je la raccompagne jusqu’à l’auberge de jeunesse et reviens vers le pub. La rue est très animée. Il y a de la viande saoule de partout. Les filles sont grandes, habillées très court. Elles parlent et rigolent bruyamment. La plupart sont bien alcoolisées. Elles sont tactiles et aguicheuses. Les mœurs semblent un peu différentes par ici…

Je rejoins le reste de l’équipe au pub. La fête bat son plein. Quelques vodkas redbull plus tard, nous commençons à danser… L’ambiance est bonne.



Au bout d’un moment, je sors fumer une clope. Mac Midges m’accompagne. Il est vêtu d’un pantalon polaire. Il a décidé de jouer la carte de l’inattendu. La carte de l’originalité. Il avait déjà brillamment assumé ce rôle avec son jetable et son livre dont il est le héros. Mais le videur n’apprécie pas. Il nous a laissé rentrer il y a quelques heures. Désormais, il s’oppose farouchement à ce que Mac Midges foule le sol de l’établissement. Mac Midges est furieux. Il conteste. Il s’insurge. Nous avons dépensé une fortune dans cette taverne. Nous y avons mangé. Nous revenons d’une semaine de rando dans les Highlands. Nous n’avons certes rien à nous mettre, mais cela n’avait pas l’air de lui poser problème lorsque nous sommes entrés dans le pub à 20h. Mac Midges se débat. Il déploie un vaste argumentaire. Il ne lâche rien. Le videur non plus.

Nous quittons finalement ce lieu de débauche. C’est dommage, nous partons alors que l’ambiance était à son comble. Nous errons ensuite dans la rue à la recherche d’un établissement plus accueillant. Mais les pubs ferment un à un. J’ai comme l’impression de revivre une scène familière. 


Nous finissons par trouver une taverne bienveillante. La clôture est imminente, mais elle semble accueillir sans sourciller les épaves échouées d’Inverness. Un homme nous offre une pinte. C’est le chanteur qui vient de terminer son concert. Nous la buvons de bon cœur. Au bar, Mac Fire se fait sauvagement brancher. Deux groupies commencent à lui toucher le torse. L’approche est franche et assez inhabituelle. Le fusillé marin subit l’assaut sans broncher. Peut-être est-ce coutumier pour lui ? Une simple formalité ? La conséquence directe d’un sex appeal dont il serait victime au quotidien ? Un héritage forcé, le genre de boulet que l’on traîne avec soi et malgré soi tout au long d’une vie… Cette attitude m’interpelle cependant… Ces mêmes femmes auraient-elles apprécié que nous adoptions un comportement identique à leur égard ?

Nous quittons le bar. Il ferme. Dans la rue, c’est un véritable défilé de viande saoule. Ça braille dans tous les sens. Mac Fire se fait à nouveau brancher. Il faut l’avouer, il remporte un vif succès auprès des écossaises. Rentrera-t-il en France avec nous ou décidera-t-il de rester vivre ici pour contenter durablement la gent féminine d’Inverness ? L’avenir nous le dira… Après tout, son mojo est peut-être international…

Fermement résolus à prolonger ces bons moments, nous partons à la recherche d’un autre lieu de débauche… Nous tombons sur une boîte de nuit… Problèmes potentiels : le pantalon polaire de Mac Midges et nos chaussures de rando… Ni une, ni deux… Ça passe !!! Nous déboulons sur la piste de danse… La musique est entêtante… Nous sommes déchaînés. Mac Tarp m’épate. Il est levé depuis 4h du matin. Dans quelques heures, il aura fait le tour de l’horloge et il déborde toujours autant d’énergie. La vodka redbull n’y est peut être pas totalement étrangère. Nous enchaînons quelques tournées et repartons de plus belle… La boîte est blindée. Tout le monde danse sur les missiles qu’envoie le DJ! Il est presque 2h... Bullshit !! Le carrosse va bientôt se transformer en citrouille!! L’auberge de jeunesse nous accueille jusqu’à 2h. Passé ce délai, il nous est impossible de rentrer. À moins que l’on attende 8h demain matin… Le pari est risqué.



À contrecœur et décidé à trouver un moyen de prolonger notre soirée, nous quittons la boîte. De retour à l’auberge, nous essayons de négocier, de repousser l’heure de fermeture. Le patron nous propose de sortir avec eux. En revanche, nous serons obligés de nous caler sur l’heure de leur retour. Ça nous va… Après réflexion, il y a quand même un problème… Nos chaussures de rando… Le pantalon polaire… Ça ne passera pas… À coup sûr on se fera refouler… Durant quelques instants, nous cherchons une solution. Nos 4 cerveaux embrumés trouveront-ils une issue à cette implacable situation ?

À 2h30, forcés et contraints, nous allons nous coucher… La soirée fut truculente et particulièrement ébouriffante… Une belle réussite qui vient de clore à merveille ce trek épique…

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