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Jours 10 & 11 : Adieu ou à bientôt ?

Lorsque mes yeux s’ouvrent, je suis surpris de découvrir le visage de Fred. Puis je me souviens que nous partageons le même lit dans le logement. Vu mon état, je ne crois pas que les ronflements de Guillaume m’auraient dérangés de toute façon. Pourtant exempté de randonnée la veille, je suis tout de même en train de vivre l’un de mes réveils les plus difficiles. Une des conséquences les moins plaisantes du chacha je suppose.

Nous émergeons au compte-goutte puisque nous ne sommes pas tenus de respecter un horaire pour une fois. Au déjeuner avec les autres, j’apprends que la boîte de nuit ne nous a pas laissés entrer et que j’ai fini par sombrer dans le taxi sur la route du retour. Classique.

Nous passons notre dernière journée à réaliser des activités touristiques comme l’achat de souvenirs et la visite de lieux contemplatifs. Nous repassons par le parc de la veille et son fameux pont que je mets un moment à reconnaître.

Nous terminons cette balade par un bain géorgien, une activité très répandue à Tbilisi et conseillée par Guillaume. Nous avons des étoiles dans les yeux à l’idée de dorloter nos organismes. Il est même possible de bénéficier d’un massage et tout ça pour l’équivalent de dix euros.

Une fois sur les lieux, c’est une véritable déconvenue. Les bains ternis d’une décoration austère sont imprégnés d’une odeur d’œuf pourri très désagréable. Les massages ont lieu au milieu de toute la clientèle par un géorgien au gabarit imposant qui laisse pressentir une fermeté effrayante. L’accès au bain n’est possible qu’uniquement nu et il faut reconnaître que notre entrain de la soirée de la veille semble avoir bien disparu au moment où nous pénétrons dans un bassin. Plonger nos corps dans une eau très chaude demeure agréable et relaxant mais nous ne prolongeons pas le moment et déclinons le massage proposé alors que nous l’avons déjà réglé.

A la sortie, Guillaume et Ludo qui ont évité ce passage nous accueillent en pouffant, contents de découvrir nos mines un peu déconfites.

Pour clôturer la journée, nous dînons dans un restaurant tenu par un français qui propose de savoureux khinkalis. Nous écourtons la soirée après le restaurant puisque Ludo doit se lever dans la nuit pour prendre son vol retour, mais aussi parce que nos esprits ne sont pas prêts à subir une seconde vague de chacha. Enfin rétabli, Philippe est déçu que nous ne réitérions pas l’expérience de la veille. En lot de consolation, nous lui proposons avec Laurent d’aller faire un tour au casino, situé à proximité de notre logement.

C’est la première fois que je pénètre dans un casino et je suis un peu entraîné par l’ambiance chic et déjantée du lieu. Nous déambulons tous les trois autour des tables de roulette, de black jack, de bandit manchot et de poker. Nous aimerions particulièrement nous asseoir derrière une table du jeu de cartes que nous estimons être le jeu le plus juste. Mais le ticket d’entrée est bien trop élevé. Nos fonds débloqués pour le casino nous permettent d’accéder uniquement à la roulette. Avec un peu de chance et en misant tout sur une couleur, nous pouvons augmenter notre capital suffisamment pour accéder au poker dont Philippe est un expert. A ce moment-là, nous aurons toutes les cartes en main pour plumer les géorgiens et décrocher le gros lot. Notre rêve d’acquisition de résidence secondaire en Géorgie sera à portée de main. Le chacha coulera à flot…

Mes désirs s’effondrent brutalement alors que mon dernier jeton va rejoindre ceux déjà entassés du côté du croupier. Les autres ont un peu plus de chance et nous croyons sérieusement en Philippe qui a déjà eu deux succès. Un dernier nous permettrait de prétendre aux tables de poker. Mais la roulette ne l’entend pas de cette oreille et stoppe notre élan. Bredouilles, Nous quittons l’endroit, finalement satisfaits d’avoir restreint notre mise de départ.

A notre retour à l’appartement, nous accompagnons Guillaume et Fred sur leur dernier verre de la soirée. Alors qu’ils vont se coucher, nous étirons la soirée avec Philippe et Laurent autour d’une dernière partie de Citadelles et nous réalisons une introspection philosophique sur nos vies professionnelles. Ce moment agréable où nous partageons notre ressenti par rapport à notre travail s’agence bien avec la fin de nos vacances. C’est le réveil de Ludo qui met fin à nos échanges et nous pousse dans nos lits.

Le dernier jour se passe sans problème et nous gagnons l’aéroport sans altercation avec des chauffeurs de taxis. J’ai l’impression que cela fait une éternité que nous sommes en Géorgie. Lorsque nous passons les portiques de sécurité, Laurent s’aperçoit qu’il a embarqué la clef d’appartement de notre hôte. Cela déclenche un véritable fou rire et remet un peu de baume à nos cœurs attristés par la fin de nos vacances, renforcée par notre séparation avec Fred qui rejoint son vol vers Copenhague.

Je ne trouve pas le sommeil dans l’avion, préoccupé par notre retour. Nous allons devoir rouler de nuit pour arriver chez moi. J’appréhende alors un peu la réaction de Naama par rapport à la fête du PACS mais rassemblés, nous devrions trouver des solutions.

Une autre pensée surgit dans mon esprit. Celle de notre échec au Mont Kazbek qui me laisse un goût d’inachevé. Je sais que je ruminerai longtemps cette tentative avortée qui restera immiscée dans mon esprit. Ce n’est pas la première fois que je n’arrive pas à digérer une défaite. Dans ces cas-là, la seule solution pour la gommer est de la remplacer par une victoire. Revenir au Kazbek ? Et pourquoi pas ? Je connais le chemin pour le camp de base et je sais presqu’enfiler mes crampons tout seul. Au camp de base, il me suffira de trouver un groupe qui veut tenter l’ascension et de me greffer à eux. Cette idée vient se loger dans un coin de ma tête et je me promets de la considérer plus sérieusement à l’avenir. Le jeu vaut-il réellement un second voyage ? Je repense aux péripéties et aux bons moments qui ont composé notre voyage. C’était une aventure incroyable et je ne croyais pas découvrir de tels paysages en Géorgie. Mais c’était une expérience pleine avec son lot de mauvaises surprises comprenant notamment une nuit traumatisante au camp de base et une cicatrice qui s’efface progressivement de mon arrière-train.

Je perds mon regard sur la mer de nuages qui entoure notre avion. Vers quelle destination nous rendrons-nous la prochaine fois que je l’observerai ?


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