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JOUR 1 : Flybe : Faster than road or rail

À quelques heures de l’embarquement, une question tout aussi pertinente que cruciale émerge soudainement de l’intelligence collective : un vol vers l’Écosse nécessite-t-il la possession d’un passeport ? Interrogation légitime, assurément, et qui vaut la peine d’être soulevée. Mieux vaut tard que jamais. Question qui trouve rapidement une réponse. Merci Google. L’effectif initial a failli être amputé de moitié. Il est 9h30 du matin, le suspens est déjà à son comble…

J’embrasse ma femme et ma fille. Il me faut les quitter. Lou s’applique à un cérémonial d’apparat pour notre départ. Elle a enfilé sa belle robe de danseuse de flamenco. Elle est éblouissante. Elle aimerait rejoindre l’équipe. Cela viendra, je l’espère, dans quelques années.

Je suis le copilote de Mac Tarp pour le trajet jusqu’à l’aéroport. Tant bien que mal, nous nous entassons à 5 dans la voiture, et partons vers Saint-Sébastien-sur-Loire, lieu de résidence de Mac Tourb… Après avoir parcouru quelques kilomètres sur la nationale 137 en direction de Nantes, Mac Tarp me demande si nous quittons bientôt la rocade de Rennes… Quelque chose me dit que ce séjour s’annonce plein de rebondissements…

Faisant louper la sortie de Saint-Sébastien-sur-Loire à Mac Tarp, je m’avère être finalement un piètre copilote ; l’application google maps n’étant pas la plus adaptée au guidage automobile.

Arrivés chez Mac Tourb, nous reconditionnons les sacs. Nous avons pris 2 bagages en soute pour 6 afin de limiter le coût du voyage. Pari risqué, qui nous permet, en cas de réussite, d’économiser plus de 400 €. Nous devons réorganiser notre fourbi. Il nous faut enlever de chacun des sacs tous les objets métalliques, les tubes de dentifrices, de lessive, les sardines, les arceaux, les couteaux… Bref, tout ce qui est susceptible d’être interdit dans un classique bagage à main, doit être casé dans nos 2 sacs en soute. Le reste est reconditionné dans des bagages en toile achetés, à cet effet, sur internet. Nous comparons ces derniers. Ceux commandés par Mac Midges et Mac Tarp sont plutôt chétifs. Ils sont de petites dimensions. Bien en deçà de celles qui sont habituellement autorisées par la compagnie: handicap supplémentaire. Nous opérons au reconditionnement au feeling, sans balance, et quittons l’habitation de Mac Tourb pour rejoindre l’arrêt de bus.



Zoom sur Mac Tarp : Mac Tarp part en randonnée ou à la guerre ; ou peut-être les deux… Il est le représentant d’une unité très spéciale. L’Air soft, dont il revendique la pratique assidue n’est qu’une subtile couverture dissimulant très certainement d’autres activités beaucoup moins reluisantes… Simple hypothèse. Mais hypothèse à creuser. Facilement repérable, en milieu urbain, de par son accoutrement improbable, il n’en demeure pas moins une singularité de l’aéroport de Nantes en ce vendredi 14 août 2015. Il est affublé d’un pantalon treillis, d’un T-shirt orange pétant et d’une veste verte tout aussi éblouissante. Pour couronner le tout, il est équipé d’un bob militaire savamment conçu, composé d’un assemblage de tissus imperméables possédant apparemment des caractéristiques spécifiques de camouflage et dissimulation prisées par les troupes armées. La cerise sur le Tarp : une go pro calée dans un réceptacle étanche est fichée sur son couvre-chef. Le chapeau de Mac Tarp coûte, à l'évidence, plus cher que mon sac à dos et ma tente réunis. Mac Tarp est une éclatante et innovante machine de guerre. C’est une certitude…


Passage obligé, l’enregistrement des bagages : Moment de vérité. Chaque billet est consciencieusement scruté, étudié. Notre attirail est reluqué, soupesé. Mac Tourb a le compas dans l’œil. Son sac fait osciller la balance entre 9.9kilos et 10kilos. Il passe de justesse. Dans le cas où il eût été contraint et forcé d’alléger sa besace, il avoue qu’il aurait mangé, une à une, les pâtes crues contenues dans son sachet de Panzani, jusqu’à ce que la balance cède en sa faveur… Un sketch digne de François Damiens… Mac Tourb a le nez creux, espérons qu’il s’agisse d’une constante ! Nous nous délivrons des bagages en soute… Prochaine étape : les bagages à main…



L’opération se déroule presque sans accroc. Mac Tarp se fait confisquer un couteau, Mac Fire se voit soupçonner d’import-export de substance prohibée. Il aurait dissimulé le tout dans un tube de lessive. Le coutelas de Mac Tarp vaut une fortune. Décidément, ce partenaire est visiblement équipé d’un matériel de pointe. Il est le G.I., nous sommes les Casques bleus. Son arme blanche destinée à découper du saucisson n’en demeura pas moins gagée à l’aéroport. Je le côtoie seulement depuis quelques heures, mais je l’affirme à nouveau, Mac Tarp me semble être un compagnon des plus énigmatiques, des plus singuliers …

Le plan Vigipirate étant, à juste cause, presque déployé, j'essaye, en attendant, d’acheter du tabac à bon prix. Mes coéquipiers s’affairent à faire valoir leurs honnêtes attentions auprès des services d’inspection alors que je négocie, une cartouche de fleur du pays, avec la vendeuse du Duty free. L’Écosse appartient à l’Union européenne. La caissière ne cède pas, le tabac détaxé me passe sous le nez. Mac Tarp, sors ton couteau !!!

Flye be : Faster than road or rail. Ça m’interpelle. Se vanter d’être plus rapide que la route ou le train, rien de vraiment percutant. Je me moque de leur slogan et je mets, je l’avoue, un certain temps à comprendre le sens caché de ce dernier… C’est du second degré, c’est de l’humour anglais. Mais oui, tout bonnement… Il va falloir que je m’y habitue.



Aéroport de Manchester : rien de palpitant. Un moment déboussolés par le manque d’indications, nous débarquons dans un sas de transit : rien… Si : un téléphone filaire énigmatique qui attend d’être décroché pour dévoiler certaines informations… Tout ça est typiquement anglais. Mac Tourb prend le combiné. Il est prêt. Prêt à rentrer en contact, à tout moment, avec Scotland Yard… Peut-être recherchent-ils Mac Tarp ? On accède finalement à la zone d’embarquement : déjeuner anglais, absence d’espace fumeurs. Nous patientons.

Installés dans l’avion qui doit nous mener à Édimbourg, nous attendons le décollage depuis maintenant quelque temps. Il manque apparemment certains bagages. Ces derniers n’auraient pas été transférés. Le regard flânant sur le tarmac, Mac Fire aperçoit soudain son sac qui se fait la malle. Il va, à l'évidence, être aiguillé vers un autre appareil. Il en informe l’hôtesse qui contacte l’équipe au sol. Mac Tarp et Mac Fire sont priés de bien vouloir identifier leurs paquetages. Ils descendent de l’avion, reconnaissent leurs bagages et les accompagnent jusqu’à la soute s’assurant ainsi qu’ils seront correctement acheminés vers l’aéroport d’Édimbourg. Flybe : Venez comme vous êtes… Flybe : Faites comme chez vous…

Édimbourg, nous y sommes !! J’essaye d’acheter du tabac. Ce sera au prix fort : 15 € les 25g. Il va falloir que j'en apprécie la moindre bouffée. C’est près de 4 fois le prix de ce que je dépense habituellement. Nous prenons le tram pour le centre-ville. Nous payons également 4 fois le prix d’un transport urbain classique. Nous débarquons au niveau de la place centrale, non loin de la gare.



Arrivés à la gare, nous tentons de nous faire comprendre. Mais encore faudrait-il que nous réussissions à décoder le scottish… Mac Midges, sera notre porte-parole… Est-ce bien sérieux ? Je crois que nous n’avons pas le choix. J’essaye de me renseigner auprès d’un employé écossais qui supervise le compostage des billets. Je ne capte absolument rien à ce qu’il me raconte. Cet homme ne parle pas anglais, ce n’est pas possible ? Russe peut-être ? Les Russes sont sur le coup, eux aussi, ils recherchent très certainement Mac Tarp… Cela ne fait aucun doute. Au prix d’un effort de concentration des plus intenses, J’arrive à comprendre un mot par phrase. Cela demeure insuffisant pour échanger et s’informer. J’ai presque envie de lui offrir un exemplaire de « l’Anglais pour les nuls ». Il me faut bannir cette idée qui constituerait une fort mauvaise entrée en matière avec les habitants de ce beau pays, qui, au premier abord, semblent malgré tout sympathiques.

Armé de son TOEIC, Mac Midges passe à l’offensive. Non sans mal, nous finissons par comprendre qu’il serait intéressant pour nous de choisir l’option du voyage en groupe. Nous devons rejoindre Falkirk ce soir. Nic Zubrowka a réservé un appartement pour notre nuitée. Un doute persiste… À quel endroit devons-nous descendre ? Qu’à cela ne tienne, le convoi est prêt à partir. Nous verrons cela en route.

Les yeux rivés sur google maps, il me semble avoir identifié notre arrêt. Dans le train, Mac Midges et Nic Zubrowka discutent avec un autochtone qui leur conseille de s'arrêter à la prochaine station. Pour moi, il se trompe… Mais il faut trancher. Nous décidons finalement de faire confiance à notre nouvel ami et descendons du wagon en urgence. L'informateur local souhaite absolument nous indiquer la route à suivre pour rejoindre notre appartement. Au bout de 10 minutes d’explication, le pauvre homme semble davantage perdu que nous… En définitive, il nous conseillera de prendre un taxi. Il regagne son foyer. Il habite à deux pas de la gare et à mon avis, il ne s’est que rarement aventuré hors de chez lui.



Google maps nous guidera à destination… Après une bonne demi-heure de marche, nous arrivons devant l’appartement. Dans un premier temps, nous peinons quelque peu à trouver l’entrée de l’immeuble. Notre hôte viendra finalement accueillir les randonneurs français égarés. Mac Midges est en pleine discussion, il glane auprès de la maîtresse de maison tous les renseignements nécessaires au bon déroulement des prochaines opérations… Notre hôte est très sympathique, très agréable et très bavarde. Son appart est bien agencé et fera parfaitement l’affaire pour cette nuit. Le temps défile... Nous prenons congé... Direction : le Pub !!

L'établissement est très accueillant et reste fidèle à l’idée que je m’étais fait des pubs écossais. Il manque cependant quelques jeunes. Nous faisons, sans aucun doute, bien descendre la moyenne d’âge. Après quelques pintes, nous mangeons les sandwichs achetés au supermarché par Mac Fire et Mac Midges ; le Fish and chips d’à côté étant fermé à cette heure tardive. Au cours de la soirée, nous rencontrons plusieurs autochtones. Un ancien combattant de 70 ans, boitillant, offre un Pin’s indépendantiste à Nic Zubrowka. Je crois qu’elle lui a tapé dans l’œil… Un mec bourré et agressif nous parle de ses trois sœurs qui lui rendent la vie impossible. Il boit le verre de Mac Tourb et commence à embrouiller Mac Tarp, prêt à lui casser la gueule. Une mère et sa fille nous rejoignent en pause clope dehors. Elles sont sympathiques, nous plaisantons et discutons un moment de notre projet de trek. Elles nous le recommandent vivement, mais nous souhaitent, malgré tout, bon courage. De retour à l’intérieur du pub, nous faisons croire à nos partenaires, que nous venons de négocier un covoiturage pour le lendemain. C’était bien tenté, mais ça ne prend pas. Nous commandons quelques Whiskys « Ile de Skye » et parlons organisation. Il nous faut former les équipes pour l'activité "stop" de demain… Binôme de trois ou trinôme de deux… Tout cela est bien confus. Mac Tourb évoque la tourbe et se questionne sur son origine, tandis que Mac Tarp insiste sur ses préférences alimentaires : Saucisse aux lentilles et Quinoa… Fauteur de troubles, je suggère la tourte à la tourbe… La soirée se poursuit dans la bonne humeur et la convivialité. 


C’est quelque peu éméché que nous rejoignons l’appartement. Ceci dit, nous avons respecté le couvre-feu et nous nous couchons à une heure des plus honorables. La journée de demain s’annonce particulièrement chargée, ces quelques heures de sommeil ne seront pas de trop…


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