Nous y
pensions depuis plusieurs mois. Nous nous étions entraînés
depuis pas mal de temps. Nous avions méticuleusement préparé
ce trek durant les dernières semaines. Nous étions
prêts…
Nous,
c’est qui ? Ludo, Vince et moi… Je pars avec 2 de mes très
bons potes… Ils ne se connaissent pas. Je fréquente Vince
depuis plus de 20 ans. En écrivant cette phrase, j’ai
soudainement l’impression d’avoir 50
balais… Depuis
quelques années, Vince pratique la randonnée. C’est
une passion qui s’est déclarée, sur le tard, chez
lui. Il est particulièrement attaché à la
Bretagne, ses paysages, son relief, ses sentiers bucoliques,
pittoresques et sauvages. Il y fait régulièrement
référence et n'a pas peur des comparaisons. C’est la
première fois que j’ai l’occasion de partir avec lui pour
relever un tel défi.
Ludo
est un collègue de fac et un voisin de cité u.
Originaire de Bretagne tout comme moi, nous nous sommes rencontrés
en Master 2, à Nice. Au cours de cette année, nous
devenons rapidement amis et passons une bonne partie de notre temps
libre ensemble : Les fiestas, les baignades, les dimanches
comateux, les révisions brumeuses, les sorties, les soirées
galettes… Nous arborons fièrement le drapeau breton au sein
de cette promo durant un truculent semestre festif… Ludo ne
randonne pas ou peu. Il s’y est essayé 3 mois avant le
départ et s’est fait une entorse. D’un naturel sportif, il
a mis ce passe-temps de côté depuis quelques années.
Il a malgré tout gardé la ligne et demeure un
challenger aguerri…
C’est
dans une atmosphère mêlée d’une certaine
appréhension, d’une forte excitation et d’un crachin
presque breton que débute notre périple.
Pour
des questions logistiques, nous avons décidé de faire
le GR 20, à l’envers, du sud vers le nord, en 12 jours,
plutôt qu’en 16.
La
décapotable, qui nous conduisit jusque Conca pour le
commencement d'un séjour empreint de sobriété et
de simplicité, en pleine nature, marquait le début de
ce trek d'un réel paradoxe qui fut l'objet de quelques
railleries matinales.
Nous
évoluons une bonne partie de la journée dans de petites
forêts qui colonisent les flancs des reliefs que nous
gravissons. C’est plutôt vert et boisé. Les résineux
sont bien présents, ils dominent le biotope alentour. De temps
en temps, nous traversons des zones plus rocailleuses. Nous tombons
nez à nez avec de gros blocs, des chaos. D’énormes
bancs de calcaire ont été propulsés par des
géants dans le paysage. Ils sont parfois horizontaux, parfois
verticaux, parfois inclinés. De temps à autre, nous les
escaladons, nous les admirons ou nous nous y reposons. Nous croisons
également quelques rivières, quelques menus torrents.
Nous ferons halte au bord de l’un d’eux, en fond de vallon, pour
notre premier déjeuner.
Cette
première étape nous semble assez longue. Plus longue
que nous ne l’avions imaginé. Le grondement de l’orage
marque la fin de l’après-midi… Nous pressons le pas pour
rejoindre le bivouac.
Le
premier soir, au campement, nous croisons un groupe de Lorrains. Ils
sont 12 : une meute à l'instinct grégaire affûté.
Ils ont fait le GR en 11 jours. Aucun abandon. Des conditions
physiques, des niveaux sportifs, des modes de vie, des habitudes, des
tempéraments et des passions différentes… Et
pourtant : une réussite commune, d’autant plus louable.
Ils sont fatigués, mais ils l’ont fait et sont pleins de
bonne humeur.
Cette
première nuit est de très mauvaise qualité…
Des rafales, de la pluie, du tonnerre. Ma tente offre une sérieuse
prise au vent… S’envolera ? S’envolera pas ? Je me
pose la question à deux fois avant de m'extraire de cette
dernière pour satisfaire aux besoins naturels… Je sors. La
nature est belle, furieuse, déchaînée…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire